DÉVIANCES
Colloque étudiant – 28 mars 2013
Date limite : 11 janvier 2013
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Howard S. Becker, Outsiders, Études de la sociologie de la déviance, Paris, Éditions Métailié, 1985, p. 37
Colloque étudiant – 28 mars 2013
Date limite : 11 janvier 2013
Même si toute une branche de la sociologie est dédiée à l’étude de la déviance, il s’agit d’un concept qu’on a encore du mal à cerner. La déviance a d'abord été pensée comme tout ce qui sortait du commun. Sa définition a ensuite été calquée sur le modèle de la maladie physique : le déviant a été assimilé à un élément pathogène qui menace l’intégrité de la société. Avec la publication d'Outsiders en 1963, Howard Becker marque définitivement ce champ de la sociologie en considérant la déviance comme une construction sociale. Il postule en effet que « la déviance n’est pas une propriété simple, présente dans certains types de
comportements et absente dans d’autres, mais le produit d’un processus qui implique la réponse d’autres individus à ces conduites1». La déviance n'est donc pas uniquement caractérisée par les actions que l’individu déviant pose; elle est déterminée et légitimée par l'évaluation morale, culturelle et politique que les membres d'une société font de ces actes. La littérature ne peut échapper à cette définition sans cesse actualisée de la déviance. Quelles représentations en propose-t-elle; quelles formes la déviance et ses effets prennent-ils au sein du texte? Comment la littérature déconstruit-elle les discours qui la désignent et la déterminent à la fois?
La mise en récit de déviances apparaît motivée essentiellement par un désir de faire violence aux normes. Dans le cas de la littérature érotique, les oeuvres d'Elfriede Jelinek, de Christine Angot ou de Nelly Arcan prennent par exemple une position délibérément déviante par rapport au genre. Ce faisant, elles permettent un détournement tantôt de ses conventions et de ses codes, tantôt des perceptions de la sexualité et de l'intime. Un décentrement similaire se produit lorsque des personnages, par leur penchant voire leur appétit pour le crime, menacent et mettent en doute nos fondements moraux. Ces représentations — pensons à Dexter par exemple — provoquent un brouillage des structures de pensées, ouvrant une brèche sur l'inconscient social. La déviance peut aussi se penser sous l'angle de l'iconoclasme, à l'image du courant artistique Deviant Art. Caractérisé par une pratique du « politiquement incorrect », celui-ci s'ancre dans une espèce d'« esthétisation de la déviance » en multipliant les approches et les médias (infographie, webcomics, caricatures, blogues, etc.). Loin d’être toujours une nuisance, la déviance peut ainsi se faire annonciatrice d’un changement, devenir une marque évolutive. L’écrivain qui sort volontairement des cadres culturels préétablis peut mettre en évidence ce qui, dans l’acte déviant, a un potentiel politique ou révolutionnaire. Ce qui était répressible jadis ne l’est peut-être plus aujourd’hui de la même façon que ce qui nous trouble maintenant ne le fera possiblement plus demain. Métronome culturel, les déviances sont ainsi des fenêtres ouvertes, ou du moins entrouvertes, sur la société et les discours qui les décrètent.
Ce colloque sera l’occasion de s’interroger sur les diverses formes que peut prendre la représentation
de déviances. Toutes les dimensions et toutes les approches littéraires de la question pourront être envisagées lors de communications de 20 minutes. Organisé par l'Association étudiante des cycles supérieurs en études littéraires (AECSEL) de l'UQAM, ce colloque, qui en est à sa 5e édition, aura lieu à l’UQAM, le jeudi 28 mars 2013. Nous invitons les étudiant-e-s à nous faire parvenir au plus tard le 11 janvier 2013 une proposition de communication d'environ 250 mots, accompagnée d'un titre et de leurs coordonnées (nom, université d'attache, adresse courriel et civique, numéro de téléphone) à l'adresse électronique suivante : aecsel.uqam@gmail.com.
Howard S. Becker, Outsiders, Études de la sociologie de la déviance, Paris, Éditions Métailié, 1985, p. 37