Réfléchir
les espaces critiques :
consécration,
lectures et politiques du littéraire
Colloque annuel de l’Association étudiante des cycles
supérieurs en études littéraires de l’UQAM (AECSEL)
7 avril 2016
7 avril 2016
La
critique littéraire, tout comme les objets textuels qu’elle étudie, a évolué au
fil des révolutions théoriques et formelles qui, quant à elles, font
généralement écho à des changements politiques et sociaux. Dans la seconde
moitié du XXe siècle, notamment, le post-structuralisme, le post-colonialisme,
les théories féministes et de genre, les cultural studies, les études
intermédiales, pour ne nommer que ces courants, ont transformé le paysage de la
critique contemporaine. Depuis les années 1980, on assiste au développement
d’une «littérature narcissique» (Linda Hutcheon) qui, en thématisant l’acte
d’écriture et la figure de l’écrivain.e, dévoile ses processus internes et
exhibe son caractère fictionnel. Autocritique, l’œuvre littéraire donnerait
ainsi à lire sa propre interprétation, mettant en péril le rôle de la critique
contemporaine.
Dans son essai La
République mondiale des lettres, Pascale Casanova soutient que les
critiques du monde entier forment une « aristocratie » qui a le « pouvoir de
décider de ce qui est littéraire, et de consacrer à coup sûr tous ceux qu’elle
désigne comme de grands écrivains » (2008, 44). Partie prenante de
l’institution, la critique littéraire se situe en dialogue constant avec les
textes. De la weltliteratur de Goethe au Manifeste pour une
littérature-monde, les tentatives de dénationalisation de l’espace
littéraire mondial prouvent que les frontières géographiques demeurent des
facteurs déterminants dans la consécration des œuvres.
Ainsi, la critique rassemble autour
d'objets singuliers des perspectives divergentes qui, dans leur rencontre, se
portent l'une et l'autre à faire l'expérience de leurs propres limites. Roland Barthes
postulait, dans Le Degré zéro de
l’écriture, que « chaque écrivain qui naît ouvre en lui le procès de la
littérature » (1953, 63), que le texte littéraire aurait la particularité de
travailler constamment à déplacer les balises de sa forme. Ainsi le texte
littéraire constitue un espace critique
en soi, qui met en
mots une politique du sensible et questionne les modes de représentation
usuels. Si la littérature se fait souvent critique d’elle-même, elle apparaît aussi
souvent comme un espace de contestation qui tend à transformer et penser
autrement la société dans laquelle elle s’inscrit.
Dans le cadre
de cette 7e édition du colloque annuel de l’AECSEL, nous vous
invitons à interroger les différents types d’espaces critiques liés aux études
littéraires ou à la littérature en explorant des problématiques autour des
thématiques suivantes :
- Histoire de la critique littéraire
- Écoles de pensée ; mouvements esthétiques et formels
- Représentations de la critique en littérature et métacritique
- Nouvelles théories et perspectives critiques
- Pratiques de lecture et théories de la réception
- Politiques de la littérature et formes littéraires de la contestation
- Institutions littéraires et processus de consécration des corpus
- L'acte d'écriture : un procédé critique
- Perspectives divergentes : altérité, contestation, communauté
Les propositions de
communication sont attendues au plus tard le jeudi 15 janvier 2016 avant minuit à
l’adresse suivante : aecsel.uqam@gmail.com. Elles doivent contenir un résumé d’environ 250
mots de la communication (titre, problématique et grandes lignes) ainsi qu’une
courte notice biographique (nom, prénom, discipline, cycle d’étude, nom du(des)
directeur(s).trice(s) et sujet de recherche). Les communications seront d’une
durée de vingt minutes. Nous aimerions qu’une place soit également allouée,
dans le colloque, à la création. Nous vous invitons ainsi à proposer des
présentations qui s’écartent de la structure des communications scientifiques
traditionnelles et qui prendraient une forme plus essayistique ou littéraire.