La perte des cultures dans la littérature :
dilution, dissolution, dégradation et disparition
Colloque annuel de l'Association étudiante des cycles supérieurs en études littéraires de l'UQÀM (AECSEL)
4 mai 2017
Université du Québec à Montréal
Date limite d'envoi des propositions : 24 février 2017
Depuis le romantisme, la culture semble se traduire par un sentiment de perte. Faisant suite à Hegel, qui a annoncé la fin de l'Histoire, c'est sur un monde en ruines, un « passé à jamais détruit », dira Alfred de Musset pour situer les enfants du siècle, que semble se bâtir la(les) culture(s) moderne(s). Ce constat deviendra certes paradigmatique pour toute l'avant-garde artistique moderne, laquelle instaurera une « tradition de la rupture » pour reprendre les mots d'Octavio Paz. Cependant, en dehors d'un simple constat artistique, les courants de pensées féministes, postcoloniaux et autres ont œuvré à démontrer que ce phénomène, d'un point de vue politique, fut beaucoup plus subtil et pernicieux, et que l'écriture de l'Histoire s'est bien souvent traduite par l'élimination de diverses histoires singulières. Encore aujourd'hui par exemple, nous constatons la lente disparition des cultures autochtones partout dans le monde.
Malgré les diverses formes que prend cette perte, celle-ci semble témoigner d'une crise du langage aux multiples facettes : « crise de la narration » pour Walter Benjamin, « fin des grands récits » pour Jean-François Lyotard, « crise de la culture » et « atomisation » de l'individu pour Hannah Arendt, etc. Le paradigme de la fin aura contribué à une « crispation identitaire » et à un « dépaysement », pour reprendre Tzvetan Todorov, qui ouvre la voie à des valeurs conservatrices qui retranchent les communautés, voire les individus, dans une « folle solitude », dira Olivier Rey, face à « la précarité interne qui a conféré, pendant si longtemps, une force écrasante à la tradition, érigée en rempart contre les risques d'une dissolution de la culture ».
C'est pourquoi nous nous proposons de questionner cette perte et ses différentes modalités, que celle-ci soit dilution, dissolution, dégradation ou disparition, mais aussi à l'inverse résurgence, recyclage, rapatriement ou simplement rappel. Plus précisément nous aimerions réfléchir au rôle de la littérature et aux moyens qu'elle emploie pour convoquer ou voiler ce qui n'est plus : comment celle-ci sert de mécanisme de survivance et de contestation, ou, à l'inverse, comment elle participe de ce rapport de force. Homi K. Bhabha, à la suite de Pierre Nora, écrivait que « l'ambivalence de la nation » elle-même n'était « qu'une stratégie narrative », et, en ce sens, son étude entre de plein fouet dans le domaine des études littéraires.
Divers axes peuvent être analysés en lien avec la littérature. De ce fait, nous ne donnons que quelques exemples :
• Cultures et globalisation
• La migration des cultures
• La disparition de cultures
• Les formes de survivance et de résistance culturelles
• L'homogénéisation des cultures
• L'hybridation des cultures
• La mise en scène des rapports culturels
• Les modalités politiques de la culture
• Les rapports entre individu et culture
• Les rapports entre culture, histoire et mémoire
• Le choc des civilisations
L'Association des étudiants.es des cycles supérieurs en études littéraires de l'UQAM vous invite le 4 mai 2017 à venir présenter ou assister à leur colloque annuel des jeunes chercheurs.ses. Les présentations devront avoir une durée moyenne de vingt minutes. Pour répondre à l'appel proposé, les propositions devront faire de 250 à 300 mots et être soumises avant le 24 février 2017 à l’adresse suivante : aecsel.uqam@gmail.com. Les textes de création touchant à la thématique seront également considérés.
__________________________ ___________________
Bibliographie
Arendt, Hannah, La crise de la culture, Paris: Gallimard, « Folio essais », 1972, 380 p.
_____________, Condition de l'homme moderne, Paris: Pocket, « Évolution », 2002, 416 p.
Benjamin, Walter, Écrits français, Paris: Gallimard, « Folio essais », 1991, 499 p.
Bhabha, Homi K., Les lieux de la culture: une théorie postcoloniale, Paris, Payot & Rivages, « Essais Payot », 2007, 416 p.
Hegel, G.W.F., La raison dans l'histoire, Paris: Union Général des éditeurs, « 10/18 », 1965, 311 p.
Lyotard, Jean-François, La condition postmoderne, Paris: Minuit, « Critique », 1979, 128 p.
Musset, Alfred de, La Confession d'un enfant du siècle, Paris: Flammarion, 2010, 362 p.
Nora, Pierre (dir.), Les lieux de mémoire, t. 1, Paris: Gallimard, « Quarto », 1997, 1652 p.
Paz, Octavio, Point de convergence. Du romantisme à l'avant-garde, Paris: Gallimard, « Essais », 1976, 232 p.
Rey, Olivier, Une folle solitude. Le fantasme de l'homme auto-construit, Paris: Seuil, 2006, 330 p.
Todorov, Tzvetan, L'homme dépaysé, Paris: Seuil, « L'Histoire immédiate », 1996, 242 p.
4 mai 2017
Université du Québec à Montréal
Date limite d'envoi des propositions : 24 février 2017
Depuis le romantisme, la culture semble se traduire par un sentiment de perte. Faisant suite à Hegel, qui a annoncé la fin de l'Histoire, c'est sur un monde en ruines, un « passé à jamais détruit », dira Alfred de Musset pour situer les enfants du siècle, que semble se bâtir la(les) culture(s) moderne(s). Ce constat deviendra certes paradigmatique pour toute l'avant-garde artistique moderne, laquelle instaurera une « tradition de la rupture » pour reprendre les mots d'Octavio Paz. Cependant, en dehors d'un simple constat artistique, les courants de pensées féministes, postcoloniaux et autres ont œuvré à démontrer que ce phénomène, d'un point de vue politique, fut beaucoup plus subtil et pernicieux, et que l'écriture de l'Histoire s'est bien souvent traduite par l'élimination de diverses histoires singulières. Encore aujourd'hui par exemple, nous constatons la lente disparition des cultures autochtones partout dans le monde.
Malgré les diverses formes que prend cette perte, celle-ci semble témoigner d'une crise du langage aux multiples facettes : « crise de la narration » pour Walter Benjamin, « fin des grands récits » pour Jean-François Lyotard, « crise de la culture » et « atomisation » de l'individu pour Hannah Arendt, etc. Le paradigme de la fin aura contribué à une « crispation identitaire » et à un « dépaysement », pour reprendre Tzvetan Todorov, qui ouvre la voie à des valeurs conservatrices qui retranchent les communautés, voire les individus, dans une « folle solitude », dira Olivier Rey, face à « la précarité interne qui a conféré, pendant si longtemps, une force écrasante à la tradition, érigée en rempart contre les risques d'une dissolution de la culture ».
C'est pourquoi nous nous proposons de questionner cette perte et ses différentes modalités, que celle-ci soit dilution, dissolution, dégradation ou disparition, mais aussi à l'inverse résurgence, recyclage, rapatriement ou simplement rappel. Plus précisément nous aimerions réfléchir au rôle de la littérature et aux moyens qu'elle emploie pour convoquer ou voiler ce qui n'est plus : comment celle-ci sert de mécanisme de survivance et de contestation, ou, à l'inverse, comment elle participe de ce rapport de force. Homi K. Bhabha, à la suite de Pierre Nora, écrivait que « l'ambivalence de la nation » elle-même n'était « qu'une stratégie narrative », et, en ce sens, son étude entre de plein fouet dans le domaine des études littéraires.
Divers axes peuvent être analysés en lien avec la littérature. De ce fait, nous ne donnons que quelques exemples :
• Cultures et globalisation
• La migration des cultures
• La disparition de cultures
• Les formes de survivance et de résistance culturelles
• L'homogénéisation des cultures
• L'hybridation des cultures
• La mise en scène des rapports culturels
• Les modalités politiques de la culture
• Les rapports entre individu et culture
• Les rapports entre culture, histoire et mémoire
• Le choc des civilisations
L'Association des étudiants.es des cycles supérieurs en études littéraires de l'UQAM vous invite le 4 mai 2017 à venir présenter ou assister à leur colloque annuel des jeunes chercheurs.ses. Les présentations devront avoir une durée moyenne de vingt minutes. Pour répondre à l'appel proposé, les propositions devront faire de 250 à 300 mots et être soumises avant le 24 février 2017 à l’adresse suivante : aecsel.uqam@gmail.com. Les textes de création touchant à la thématique seront également considérés.
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Bibliographie
Arendt, Hannah, La crise de la culture, Paris: Gallimard, « Folio essais », 1972, 380 p.
_____________, Condition de l'homme moderne, Paris: Pocket, « Évolution », 2002, 416 p.
Benjamin, Walter, Écrits français, Paris: Gallimard, « Folio essais », 1991, 499 p.
Bhabha, Homi K., Les lieux de la culture: une théorie postcoloniale, Paris, Payot & Rivages, « Essais Payot », 2007, 416 p.
Hegel, G.W.F., La raison dans l'histoire, Paris: Union Général des éditeurs, « 10/18 », 1965, 311 p.
Lyotard, Jean-François, La condition postmoderne, Paris: Minuit, « Critique », 1979, 128 p.
Musset, Alfred de, La Confession d'un enfant du siècle, Paris: Flammarion, 2010, 362 p.
Nora, Pierre (dir.), Les lieux de mémoire, t. 1, Paris: Gallimard, « Quarto », 1997, 1652 p.
Paz, Octavio, Point de convergence. Du romantisme à l'avant-garde, Paris: Gallimard, « Essais », 1976, 232 p.
Rey, Olivier, Une folle solitude. Le fantasme de l'homme auto-construit, Paris: Seuil, 2006, 330 p.
Todorov, Tzvetan, L'homme dépaysé, Paris: Seuil, « L'Histoire immédiate », 1996, 242 p.